Interview: Paul Rapacz (Domaine Cirrus)

Le 2016 que Paul a présenté à notre Fêtes des Vieux Cépages était son premier millésime. Effectivement, il n’a débarqué à Durban-Corbières qu’en 2015 avec la volonté de créer son propre domaine. Il a méticuleusement choisi des parcelles, surtout des vieilles vignes de Carignan en coteaux et sur des sols de schistes, chez plusieurs vignerons pour constituer son vignoble de sept hectares. 

C’est surprenant, car Paul vient de la Champagne où il grandit aux pieds de la montagne de Reims. Son parcours de vigneron a commencé là-haut dans le nord. Pendant quelques années, il apprit son métier chez des vignerons champenois, mais c’est le Sud et ses vins rouges puissants et de caractère qui l’ont attiré. 

Il est tombé amoureux du terroir de Durban au centre des Corbières où il vit sa chance de réaliser des vins authentiques. Il n’était pas effrayé par de petits rendements car ils lui ont promis des vins denses, riches et aromatiques comme sa vigne phare, un Carignan planté en 1905. Elle donne le socle de la cuvée Exception, un rouge superbe, plein d’arômes de fruits noirs, de garrigue et des épices fines. En bouche Exception est d’une texture dense mais soyeuse, beaucoup de puissance mais avec des tannins enrobées. Une belle harmonie. 

Paul a construit sa cave lui-même. Elle est enterrée et naturellement thermo-régulée. Il vinifie chaque parcelle de Carignan, Grenache et Syrah, toutes entre 40 et 115 ans d’âge, séparément en cuve inox. Les assemblages sont réalisées après 6 à 12 mois en cuve. Une partie de la récolte est destinée à garder tous les arômes de jeunesse, l’autre partie sera élevée en fûts de volumes différents pour gagner en finesse et complexité. 

C’est un petit agneau qui a inspiré Paul d’appeler son domaine Cirrus. Quand il est arrivé à Durban, il a trouvé un agneau nouveau-né qui était blessé et rejeté par sa mère. Il l’a adopté et soigné. Comme on compare souvent les formes des nuages à des moutons, il l’a appelé lui et son domaine par la suite Cirrus.

Interview : Marie-Line Weber
Vidéo : Gérard Billon

André DominéComment